Les tensions intercommunautaires continuent de faire des victimes un peu partout au niveau de la vaste bande sahélo-saharienne. Au moins 17 personnes, dont 11 enfants et six femmes, ont été tuées jeudi dans une vendetta intercommunautaire à Oregomel, dans le sud-ouest du Tchad.
Selon les autorités locales, l’assaut a été mené par des éleveurs peuls armés de machettes, en représailles à un massacre survenu en mai dans la même région, où 42 Peuls avaient été tués par des membres de l’ethnie ngambaye. « En somme, c’est une vendetta », a déclaré Abdelmanane Katab, délégué du gouverneur régional à l’AFP.
Vingt assaillants ont été arrêtés, a confirmé le procureur de la République près du tribunal de Pala.
Cette nouvelle flambée de violence s’inscrit dans un conflit plus large entre éleveurs nomades peuls et agriculteurs ngambayes sédentaires, marqué par des tensions autour de l’accès aux terres. Entre 2021 et 2024, ces affrontements agro-pastoraux ont causé plus de 1 000 morts et 2 000 blessés, selon l’International Crisis Group.
Parallèlement, le chef de l’opposition et ex-Premier ministre Succès Masra, de l’ethnie ngambaye, est en détention provisoire. Il est accusé d’incitation à la haine et de complicité d’actes violents, sur la base d’un message audio de 2023 dans lequel il appelait à l’armement populaire. Les tensions interethniques ne se limitent pas à cette région.
Dans la province orientale du Ouaddaï, au moins 20 personnes ont été tuées en une semaine dans des affrontements entre Ouaddaïens agriculteurs et Zaghawa éleveurs, déclenchés par un banal vol de moto.
Le conflit s’est aggravé après une attaque armée qui a coûté la vie à 12 personnes. Face à l’ampleur des violences, les autorités tchadiennes tentent de contrôler la diffusion d’informations.
Le procureur de la République à N’Djamena a menacé de poursuites les journalistes et membres de la société civile qui enquêteraient sur les massacres à Mandakao. Le tout est de veiller à ne pas alimenter les tensions, et ne pas jeter de l’huile sur le feu