La 7ᵉ édition de la Foire des produits algériens à Nouakchott s’ouvre aujourd’hui dans une dynamique nouvelle, pour s’ancrer durablement dans le marché ouest-africain.
Avec plus de 200 entreprises participantes, cet événement qui représente un symbole fort de la stratégie offensive de l’Algérie, dépasse le simple cadre promotionnel pour se positionner comme une plateforme de conquête économique régionale.
Pour Samir Derradji, directeur général par intérim de la promotion des exportations au ministère du Commerce extérieur, l’enjeu est clair : placer l’Algérie au centre du commerce africain. « La Mauritanie est un partenaire économique important pour l’Algérie, car elle représente la porte d’accès à l’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré lors de son passage hier sur les ondes de la Radio nationale.
Selon lui, bien que la Mauritanie ne compte pas un grand nombre d’habitants, son rôle dépasse largement son poids démographique. « Il est vrai que la Mauritanie est un marché de seulement 4 millions d’habitants, mais à travers ce pays, on mise sur un marché beaucoup plus important de 500 millions d’habitants dans toute l’Afrique de l’Ouest ».
Le chiffre des 200 exposants présents à Nouakchott, représente une diversité croissante de secteurs engagés dans la dynamique des échanges commerciaux vers l’Afrique. En plus des secteurs habituels, comme ceux de l’électroménager, du ciment et du BTP, l’édition 2025 marque l’arrivée de nouveaux venus. Il s’agit, selon l’invité de la Radio nationale, des fabricants de mobilier, producteurs de chaussures, de vêtements pour enfants et de start-up. « D’année en année, nous montons en puissance », souligne Derradji.
Un dynamisme qui s’illustre également par la tenue d’une réunion du Conseil d’hommes d’affaires algéro-mauritanien, décrit par le responsable du ministère comme étant le plus actif des conseils bilatéraux algériens. « Cet événement connaîtra aussi des rencontres à haut niveau, du côté des officiels, mais aussi des prises de contact entre les opérateurs économiques des deux pays, qui aboutiront sûrement à des signatures de contrats », a-t-il encore révélé.
Une stratégie d’État et une vision continentale
Il est à noter que ce pari géoéconomique s’appuie sur des faits tangibles. L’ouverture en 2022 du poste frontalier terrestre Chahid Mustapha Ben Boulaid côté algérien, et Ismaïl Ould Bardi côté mauritanien, ainsi que la future route Tindouf-Zouerate, sont des jalons d’une infrastructure pensée pour le commerce régional. À cela s’ajoute la récente mise en service de la zone de libre-échange à Tindouf, qui ambitionne de devenir un hub d’exportation incontournable.
Ainsi, l’Algérie ne mise pas uniquement sur les salons et foires pour percer. Sa stratégie repose sur une politique globale englobant les infrastructures, la logistique et l’accompagnement réglementaire. À travers la construction de routes, l’ouverture de lignes maritimes vers le Sénégal, et des liaisons aériennes directes vers plusieurs capitales africaines, mais aussi l’implantation de succursales de banques algériennes sur le continent, tout est pensé pour fluidifier les flux et sécuriser les investissements.
Cette ambition s’accompagne également d’un arsenal juridique renforcé, à travers la loi n°15-22 de juillet 2022 qui encadre les zones franches et vise à stimuler les échanges transfrontaliers. L’Algérie a aussi ratifié l’Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), socle de son intégration continentale.
Ainsi, le partenariat avec la Mauritanie est la clé de voûte d’un édifice plus vaste, celui de l’ancrage de l’économie algérienne au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Cette foire à Nouakchott est donc bien plus qu’un événement commercial. C’est le visage d’une Algérie qui change d’échelle, qui ose, qui investit et qui entend jouer sa carte sur un continent en pleine mutation.
Le véritable enjeu alors, ce n’est pas seulement d’exporter des produits nationaux, c’est d’installer durablement l’Algérie comme acteur central du commerce africain. Un projet ambitieux, mais désormais en marche.